Continuons notre voyage au pays des émotions.
Après avoir vu ce que sont les émotions, la différence entre une sensation, un sentiment, une humeur et un tempérament, voyons aujourd’hui le processus qui nous permet de comprendre nos émotions.
Pour se libérer d’une émotion désagréable, il faut l’exprimer. Pour se libérer d’un sentiment douloureux, il est nécessaire de démêler les nœuds émotionnels et de décoder les affects sous-jacents.
Connaître ses affects, savoir les mettre en mots, en saisir les causes, faire preuve d’empathie envers soi-même comme envers autrui, être capable d’identifier comment nous interagissons les uns avec les autres…il y a différentes étapes qui mènent de l’illettrisme émotionnel à l’intelligence du cœur.
Ce ne sont pas des définitions de personnalités, mais des étapes (identifiées par Claude Steiner). Vous vous reconnaîtrez peut-être ou identifierez les tendances de l’un de vos proches.
Il arrive que des personnes restent bloquées dans une étape un certain temps, d’autres toute leur vie.
- l’anesthésie
Face aux émotions, certaines personnes sont comme anesthésiées. Elles sont blindées. Aucune émotion ne parvient à leur conscience, ni même de sensations particulières. Elles peuvent réfléchir sur certains concepts abstraits et voir les évènements sans être affectés, ni en positifs ni en négatifs.
S’agit-il d’une maîtrise ? Non, mes Chers Apprentis.
Il s’agit en réalité d’un déni ou d’un refoulement. Il y aura pourtant bien une accélération du rythme cardiaque, une intonation de voix différente, des signes subtils qui trahiront l’émotion…Les personnes qui s’anesthésient donnent l’impression d’être fortes, mais en réalité elles sont déconnectées d’elles-mêmes et des autres.
D’autres vont tomber dans des comportements compulsifs : se ronger les ongles, fumer, boire, acheter. Ces comportements ont pour objectif d’éviter l’émotion. Pour ne pas écouter la voix de leur cœur, elles se focalisent sur des stimuli externes.
2. Perception des sensations diffuses
Les personnes commencent à ressentir des sensations inquiétantes : nœud à l’estomac, boule dans la gorge, tremblements,…C’est la 1ère étape vers la conscience de soi. La personne perçoit des sensations mais ne les relie pas à une expérience émotionnelle. Les sensations sont vécues comme isolées.
Parfois, les personnes restent bloquées à cette étape. Ce sont les personnes qui ont toujours des « douleurs », « un truc qui ne va pas ». Les émotions restent en dehors de la conscience camouflées par des sensations.
3. Expériences émotionnelles chaotiques
A cette étape-là, les émotions émergent, envahissent, débordent. « J’ai envie de pleurer », « je me sens bizarre ». C’est le début de l’association émotions/sensations. Ce sont souvent les personnes que l’on nomme émotives ou hyperémotives. Elles sont envahies d’émotions sans pouvoir identifier ou nommer leurs causes. Certaines personnes y restent bloquées également, en étant convaincues que cet état est « normal » et généralement elles disent « je suis quelqu’un d’hypersensible».
4. L’identification des émotions
La verbalisation est le processus qui va permettre d’identifier, de différencier, d’organiser, les affects et de mettre de l’ordre dans le vécu intérieur. La personne peut analyser et parler de ce qu’elle ressent. C’est comme une prise de distance, elle n’est plus engloutie dans l’émotion, elle la nomme. « Mettre des mots, c’est commencer à regarder son expérience et lui donner du sens ». Le simple fait de nommer une peur la diminue.
L’identification est une étape nécessaire afin de distinguer les émotions des sentiments parasites.
5. La causalité
Quand nos émois sont disproportionnés ou inadaptés aux situations, les causes sont à rechercher dans le passé, proche ou lointain. Retrouver la cause d’une émotion nous permet de distinguer s’il s’agit d’une émotion réactive (adaptés à la situation) ou d’une émotion dite « élastique » (émotion du passé projetée dans le présent).
6. L’empathie
La compréhension de ses propres émotions mène tout naturellement à la compréhension des émotions d’autrui. C’est la naissance de l’empathie. Empathie pour soi et pour l’autre. C’est une attention portée au vécu d’autrui, une écoute, une compréhension des émotions. C’est une écoute sans jugement.
Quand on a peut conscience de ses propres émotions et donc peu de compréhension d’autrui, on a naturellement une certaine tendance à l’égocentrisme. Nous nions aux autres le droit d’agir en fonction de leur vécu personnel et nous interprétons leurs comportements comme dirigés vers nous. Enormément de personnes manquent d’empathie et cela engendre beaucoup de conflits, de jugements et de violences envers autrui. Ce manque d’empathie vient essentiellement du manque de connaissance profonde du fonctionnement de l’être humain.
L’empathie nécessite de se décentrer de soi-même pour se centrer sur son interlocuteur. Se connaître, s’accepter soi-même dans ses émotions est fondamental pour permettre à autrui de s’exprimer dans sa vérité, de rire, pleurer ou crier, sans chercher à le calmer à tout prix.
7. Interactivité
Quand nous prenons conscience de la réalité affective d’autrui, nous mesurons l’impact de nos gestes, paroles et attitudes envers lui. Plus nous grandissons dans la maîtrise de nos propres émotions, plus nous sommes capables d’identifier et de comprendre ce que ressent autrui. Nous devenons conscients de l’interactivité de nos états d’âme et ceux des autres. Nos comportements et attitudes provoquent des réactions chez les autres. En assumer la responsabilité nous garantira des relations harmonieuses, plus sûrement que l’attitude de renvoyer systématiquement l’autre à lui-même.
Si vous vous êtes reconnus dans l’une des étapes, c’est une bonne prise de conscience. Bravo !
Maintenant, il ne tient qu’à vous de gravir les marches qui mènent jusqu’à votre cœur. Et cela est possible même si vous avez subi des traumatismes. Le travail sur soi est primordial.
Je vais vous parler de mon chemin personnel à travers ces 7 étapes.
Durant 23 ans j’ai été bloqué à l’étape 1, pourquoi ?
J’ai un passé d’enfant battu, j’ai subi des violences physiques et psychologiques durant toute mon enfance et mon début d’adolescence. Pour ne pas sentir la douleur physique et émotionnelle des coups, gestuels et verbaux, je me suis dissociée de mon corps.
J’étais fière d’avoir survécu, fière d’être forte car je ne ressentais rien ! Mais je me voilais la face, j’étais dans un déni total de moi-même.
C’est mon corps qui m’a rappelé à l’ordre. Dès l’âge de 13 ans, j’ai commencé à souffrir de migraines, de spasmophilie, je tombais malade tous les mois (angines, bronchites, rhinopharyngites à répétition), j’avais des douleurs musculaires, articulaires, des maux de dos que les médecins ne comprenaient pas. A 20 ans, j’avais de l’acné sévère, de l’exéma, des kystes, et j’ai fait des ulcères à l’estomac avec perforation. La rigidité de mes muscles me faisait souffrir le martyr dans tout mon corps et un médecin m’a diagnostiqué un début de fibromyalgie…Ce fut une prise de conscience, je ne voulais pas être malade ! Mon corps était en train de me lâcher pour que je m’occupe de lui.
J’ai commencé une thérapie psycho-corporelle à l’âge de 23 ans, car le corps et les émotions sont intimement liés. A partir de cette période, j’ai gravi progressivement les étapes 2, 3, 4 et 5 sur une durée de 10 ans, puis grâce à mes études en psychologie, j’ai pu gravir les marches jusqu’à l’étape 6. Mon éveil en 2017 m’a fait passer à l’étape 7.
Ceci est l’exemple de mon parcours. Chaque être humain est unique et son parcours à travers ces différentes étapes l’est également. Même si vous sentez que vous êtes coincés dans les 1ères étapes, vous avez les capacités d’évoluer.
Faites-vous confiance, prenez soin de vous,
Corinne
Sources :
- I. Filliozat (2001). Que se passe-t-il en moi ? Mieux vivre ses émotions aux quotidiens. Editions Jean-Claude Lattès.
- S. Drouet (2017). L’intelligence quantique du cœur, un potentiel illimité à notre portée. Editions Dangles.
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